Joueurs africains en constante progression

Quadri Aruna / JO 2016L’Afrique se place sur la carte mondiale du tennis de table

Les athlètes du continent africain sont de plus en plus présents lors des compétitions internationales. Sidespin passe en revue ces pongistes avec en point de mire, l’espoir de tout un continent, Hana Goda.

 

Texte: Luca Anthonioz / Photos: Ittfworld

 

Lorsque nous pensons et parlons tennis de table, nous ne pouvons ignorer l’hégémonie asiatique dans notre sport. A titre d’exemple, 12 joueurs du Top20 mondial viennent du continent asiatique, dont les cinq premiers au classement. Chez les femmes, c’est encore plus impressionnant. 17 joueuses dans le Top20 sont asiatiques, dont les 13 premières au classement. L’Europe tente sans cesse de mener la vie dure à son illustre « adversaire », mais la tâche est compliquée. Les joueurs européens sont-ils les seuls à pouvoir espérer inverser la tendance ? Pas si sûr…

 

Depuis de nombreuses années, de grands efforts ont été réalisés pour promouvoir le tennis de table sur le continent africain. Par exemple, de nombreux entraîneurs chinois sont venus transmettre leur savoir. Les fruits de ce travail acharné se voit aujourd’hui grâce au niveau des meilleurs joueurs africains, porté par le désormais bien connu Quadri Aruna. Le Nigérien de 31 ans a intégré le Top20 et retrouvé son meilleur classement en carrière (18ème en mars 2020, classement qu’il avait déjà atteint en août 2018).

 

Qui sont les autres ? Il y a évidemment l’Egyptien Omar Assar (WR 38), mais aussi le Sénégalais Ibrahima Diaw (WR 69), l’Egyptien Ahmed Saleh (WR 78) et le Nigérien Olajide Omotayo (WR 92) qui complètent le Top100. Un peu plus loin nous retrouvons encore l’Egyptien Khalid Assar (WR 124) et le Congolais Saheed Idowu (WR 131). Il est intéressant de noter que mis à part Omar Assar, tous ces joueurs ont atteint leur meilleur classement depuis octobre 2019. Pour trois d’entre eux, cela est même arrivé en 2020. Il n’est donc pas illusoire de penser qu’ils pourront encore améliorer leurs classements.

Ce qui est peut-être plus intéressant encore que ces multiples progressions, provient de la nationalité des joueurs. En effet, sur les sept athlètes cités ci-dessus, nous retrouvons quatre pays différents. Il s’agit d’un indicateur important qui montre que l’expansion et la progression du tennis de table en Afrique tend à toucher, dans la mesure du possible, tout le continent.

 

Qu’en est-il chez les femmes ? Elles sont un peu moins nombreuses et moins bien classées que leurs homologues masculins. Malgré tout, il n’y a pas de quoi rougir. Nous retrouvons ainsi les Egyptiennes Dina Meshref (WR 32), Yousra Helmy (WR 99), Reem El-Eraky (WR 135), la Nigérienne Offiong Edem (WR 120) ou encore la Camerounaise Sarah Hanffou (WR 122). Hormis El-Eraky, elles ont toutes atteint ou égalé leur meilleur classement en 2020. Tout comme pour les hommes, c’est un signe prometteur pour la suite.

 

Hana Goda / World Junior Championships 2019

 

Et puis, surtout, il y a le prodige Hana Goda. La jeune Egyptienne de 12 ans nourrit les espoirs de tout un pays, de tout un continent même. Et pour cause, puisqu’elle est trône en tête du classement mondial des moins de 15 ans. Elle est tout simplement la première athlète d’Afrique à dominer un classement ITTF. Sans oublier qu’il lui reste encore trois années dans cette catégorie !

A son palmarès, elle compte déjà de nombreux titres tant au niveau national qu’international. L’an passé, à l’âge de 11 ans, elle a ainsi fait une razzia lors des championnats nationaux. Les triomphes en U12, U15 et U18 n’étant pas suffisants, elle s’est permis le luxe de battre Farah Abdel Aziz (WR 158) en finale de la compétition élite. Des succès qui lui ont ouvert les portes de l’équipe nationale élite pour les championnats du monde 2020 par équipe à Busan (Corée du Sud) :

 

« Je suis très heureuse de faire partie de l’équipe nationale d’Egypte. Être une des joueuses les plus jeunes des championnats du monde par équipe signifie beaucoup pour moi. Je pense que ce genre d’expérience va m’aider à atteindre mon objectif, à savoir une participation aux Jeux Olympiques de Paris en 2024. Mon rêve est d’obtenir une médaille aux JO et je travaille dur pour cela. »

 

Avant cette lointaine échéance, Khaled El-Salhy, Président de la Fédération africaine (ATTF), s’attend à ce qu’elle gagne une médaille lors des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) de 2022. Pour rappel, Lausanne a accueilli les JOJ d’hiver en début d’année. Les JOJ d’été 2022, eux, auront lieu dans la capitale Sénégalaise, à Dakar. Une belle occasion pour Hana Goda de continuer à écrire sa belle histoire.

 

Les éloges à son égard sont nombreux sur le circuit et, outre son talent, son sourire radieux ainsi que son comportement font l’unanimité. Et quel tempérament ! Lors d’une interview en directe à la télévision Al Ahly, elle n’a pas hésité à lancer un challenge à son compatriote Mohamed Salah, le célèbre joueur du FC Liverpool. Son audace a fait mouche puisque la star lui a répondu et a accepté de relever le défi « Golden hands vs Golden legs ». Le match n’a pas encore eu lieu, mais nul doute que la jeune prodige au caractère bien trempé saura épater l’un des meilleurs joueurs de football au monde.

 

Hana Goda / ITTF World Cadet Challenge 2019

 

 

 

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